Nous sommes en 1955. Alès, ville du Gard baignée par le Gardon, fait l’objet d’une rénovation urbaine majeure. C’est l’époque du tout-béton et les premières barres HLM remplacent les habitations historiques, jugées vétustes et insalubres. L’activité économique, tournée essentiellement vers l’industrie de la mécanique, est florissante et l’École des Mines participe du rayonnement national de la ville.

Le 31 décembre, à 23h59, Andrée et Fernand Vieilledent accueillent leur premier enfant, Serge. Très vite, ils réalisent que le nourrisson souffre de sérieux problèmes nerveux. De Montpellier à Marseille en passant par Lyon, les 18 premiers mois de l’enfant sont consacrés aux soins et examens dans différents centres hospitaliers. Serge est né avec un handicap, et doit faire l’objet d’un suivi régulier.

La famille s’agrandit bientôt, et trois soeurs (Viviane, Annie et Danielle) viennent rejoindre leur aîné. En 1962, Claude et Thierry, « les jumeaux », font leur apparition, bientôt suivis de Myriam, et enfin de Sylvie. Autant dire qu’avec 8 enfants, les Vieilledent ne vivent pas dans l’aisance matérielle.

Serge entame sa scolarité à l’école du Rieu, le quartier dans lequel il a vu le jour. Après un cursus élémentaire sans histoire et ponctué de bonnes notes, il intègre le collège Alphonse Daudet de Clavières. À la récré, des parties de football s’organisent, qu’on poursuit parfois dans la rue, après l’école. Pendant son temps libre, Serge se rend au stade et tape dans le ballon, donne un coup de main aux dirigeants et assite aux matchs de l’Olympique d’Alès.

Rares sont ceux qui, à l’époque, vont au-delà de la troisième. À l’âge de 14 ans, on cherche pour Serge, comme pour la majorité de ses camarades, « une place » chez un employeur. C’est un boulanger de la Montée de Shiol, un quartier de la ville, qui l’accueille… mais pour 3 semaines seulement. En cette année 1969, une visite médicale officialise son invalidité, il a droit à une pension et ne peut plus travailler.